Charles Robert Maturin - Melmoth ♥
Edition : Phébus Libretto – N°14 – 579 pages
ISBN : 978-2-85-940553-3
Date : 1820
Quatrième de couverture
On ne raconte pas Melmoth (1820), livre-labyrinthe qui demeure comme le type achevé du roman noir : œuvre d’un Irlandais frénétique qui brosse sous nos yeux six cents pages durant, avec une ferveur dont il n’est pas d’exemple, la vie d’un « héros » tout entier voué au mal, pour qui le temps n’existe pas. On en sort sans voix.
Pour la première fois ici en collection de « poche » dans sa version intégrale, ce vertigineux emboîtage de récits fascina Balzac, Baudelaire (qui rêva de le traduire), Lautréamont, Oscar Wilde, Antonin Artaud, André Breton – et ne demande qu’à faire de nouvelles victimes.
Avis
Ah ! Enfin ! Melmoth !
J’ai rencontré le roman noir (ou gothique) il y a de cela quatre ans et il est des livres que je désirais au plus haut point. Melmoth en fait partie. J’aurais mis le temps à le trouver et à le lire (la lecture fut malheureusement interrompue à plusieurs reprises) mais le plaisir fut au rendez-vous.
Ayant connu des romans à tiroirs (le Manuscrit trouvé à Saragosse en est un bel exemple), ce ne sont pas sept histoires imbriquées les unes dans les autres qui m’effrayaient. Dans ce roman très dense dominent deux histoires : le récit de l’Espagnol et l’histoire des Indiens.
Le premier narre les malheurs d’un jeune homme obligé de se faire moine. C’est sûrement la partie la plus noire du livre où l’on découvre la cruauté et le fanatisme des religieux, sans parler de l’Inquisition avec ses sévices aussi bien moraux que physiques. Si Melmoth y est peu présent, l’horreur de cette réalité suffit bien à nous épouvanter.
L’autre récit est d’abord très exotique puisque Melmoth rencontre Immalie, une jeune vierge pure et innocente qui vit seule sur une île paradisiaque. Cette histoire est assurément la plus importante du livre puisqu’il est question de l’union sublime entre le Ciel et l’Enfer représentés par ces deux personnages.
Ces récits sont émaillés par d’autres où l’on voit Melmoth, mélange entre Faust et le Juif Errant, tenter d’autres âmes désespérées. On sent que la proposition qu’il leur fait est effrayante mais elle n’est jamais clairement exprimée.
Et si c’est seulement à la fin qu’il nous apparaît, on reste fasciné par cet homme repoussant à la destinée tragique.
Si vous lisez Melmoth, vous avez rendez-vous avec un chef-d’œuvre !
Note